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« On
peut avoir trois principaux objets dans l’étude de la vérité :
l’un, de la découvrir quand on la cherche ; l’autre, de la
démontrer quand on la possède ; le dernier, de la discerner
d’avec le faux quand on l’examine.
Je ne parle point du premier : je traite particulièrement
du second, et il enferme le troisième. Car, si l’on sait la méthode
de prouver la vérité, on aura en même temps celle
de la discerner, puisqu’en examinant si la preuve qu’on en donne est conforme
aux règles qu’on connaît, on saura si elle est exactement
démontrée.
La géométrie, qui excelle en ces trois
genres, a expliqué l’art de découvrir les vérités
inconnues ; et c’est ce qu’elle appelle analyse, et dont il serait
inutile de discourir après tant d’excellents ouvrages qui ont été
faits.
Celui de démontrer les vérités déjà
trouvées, et de les éclaircir de telle sorte que la preuve
en soit invincible, est le seul que je veux donner ; et je n’ai pour
cela qu’à expliquer la méthode que la géométrie
y observe : car elle l’enseigne parfaitement par ses exemples, quoiqu’elle
n’en produise aucun discours. Et parce que cet art consiste en deux choses
principales, l’une de prouver chaque proposition en particulier, l’autre
de disposer toutes les propositions dans le meilleur ordre, j’en ferai
deux sections, dont l’une contiendra les règles de la conduite
des démonstrations géométriques, c’est-à-dire
méthodiques et parfaites, et la seconde comprendra celles de l’ordre
géométrique, c’est-à-dire méthodique et accompli :
de sorte que les deux ensemble enfermeront tout ce qui sera nécessaire
pour la conduite du raisonnement à prouver et discerner les vérités,
lesquelles j’ai dessein de donner entières. »
De
l'esprit géométrique et de l'art de persuader.
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