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« Pourquoi
donc suis-je ainsi ? n’est-ce pas une vieille maxime, parmi les libertins,
que toutes les femmes se ressemblent ? Pourquoi donc y a-t-il si
peu d’amours qui se ressemblent ? En vérité, je ne
saurais aimer cette femme comme toi, Octave, tu l’aimerais, ou comme j’en
aimerais une autre. Qu’est-ce donc pourtant que tout cela ? deux
yeux bleus, deux lèvres vermeilles, une robe blanche et deux blanches
mains. Pourquoi ce qui te rendrait joyeux et empressé, ce qui t’attirerait,
toi, comme l’aiguille aimantée attire le fer, me rend-il triste
et immobile ! Qui pourrait dire : ceci est gai ou triste ?
La réalité n’est qu’une ombre. Appelle imagination ou folie
ce qui la divinise. – Alors la folie est la beauté elle-même.
Chaque homme marche enveloppé d’un réseau transparent qui
le couvre de la tête aux pieds : il croit voir des bois et
des fleuves, des visages divins, et l’universelle nature se teint sous
ses regards des nuances infinies du tissu magique. »
Les
Caprices de Marianne, I, 1, Clio.
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