« Ne m’importune plus de tes raisons forcées.
Je vois combien tes vœux sont loin de mes pensées.
Je ne te presse plus, ingrat, d’y consentir ;
Rentre dans le néant dont je t’ai fait sortir.
Car enfin qui m’arrête ? et quelle autre assurance
Demanderais-je encor de son indifférence ?
L’ingrat est-il touché de mes empressements ?
L’amour même entre-t-il dans ses raisonnements ?
Ah ! je vois tes desseins. Tu crois, quoi que je fasse,
Que mes propres périls t’assurent de ta grâce,
Qu’engagée avec toi par de si forts liens,
Je ne puis séparer tes intérêts des miens.
Mais je m’assure encore aux bontés de ton frère :
Il m’aime, tu le sais ; et malgré sa colère,
Dans ton perfide sang je puis tout expier,
Et ta mort suffira pour me justifier. »

Roxane, Bajazet, II, 1.

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